Champion de France D2 1992 - Bordeaux au bout de la nuit
Les Girondins remontent immédiatement après leur relégation administrative
Un petit tour et puis remonte… Envoyés au purgatoire par la DNCG, les Girondins de Bordeaux new look évitent le piège – végéter plusieurs années en D2 – en finissant à la première place.
Les Girondins ont bâti une grosse équipe pour répondre immédiatement à une relégation administrative et non pas sportive (ils avaient terminé dixièmes). Malgré les profonds changements consécutifs à cette sanction, ils remplissent leur mission non sans avoir tremblé et terminent champions de D2. Et ce au terme d’un duel acharné avec le RC Strasbourg. Cette saison-là, le niveau du groupe B de D2 n’avait rien à envier à celui de l’étage au-dessus.
Ils y sont ! Les deux pieds en Première Division depuis l’avant-dernière journée et une victoire à Saint-Seurin (3-0). Pas question cependant de s’arrêter là. La cerise sur le gâteau, c’est le titre suprême, face au vainqueur du groupe A, Valenciennes. Ce sera une formalité. Le 24 avril 1992, le Parc Lescure voit ses poulains s’imposer lors du match aller 4-0 (Dogon, 29e, Lestage, 41e, Marquet, 80e, Ferratge, 88e). Quatre buts pour étouffer tout suspense. Au retour, les joueurs de Gernot Rohr enfoncent le clou. Rejoints après avoir mené 2-0 (Marquet, 24e, Dugarry, 25e), ils s’imposent à l’extérieur grâce à un troisième but de Marquet (70e). C’est l’aboutissement d’une saison éprouvante, commencée dans le chaos.
RELÉGUÉS !
« En vertu de l'article 9 du règlement administratif de la Ligue nationale de football les clubs professionnels participant au championnat de France de football doivent être rétrogradés dans la division inférieure (…) Ainsi l'Association nouvelle des Girondins de Bordeaux Football Club, qui a été autorisée par jugement du 19 avril 1991 du tribunal de grande instance de Bordeaux à reprendre le club "Girondins de Bordeaux Football Club" (…), n'est pas fondée à soutenir que la rétrogradation de ce club dans le division inférieure serait entachée d'erreur de droit. » Ce 12 juillet 1991, le Conseil d’Etat a tranché. Bien que dixième du championnat 1990/91, Bordeaux a été relégué par la DNCG dans cette deuxième division qu’il pensait avoir définitivement quittée en 1962. C’est un véritable séisme qui secoue le club.
Claude Bez poussé à la démission, c’est un grand chambardement qui a présidé à la nouvelle saison. L’administrateur Jean-Didier Lange, épaulé par Alain Afflelou, a pris la présidence, relevant le pari de la descente pour une remontée immédiate. Gernot Rohr est nommé entraîneur, Patrick Battiston, qui vient de raccrocher, directeur sportif. Bordeaux ne doit plus faire la Une pour de mauvaises raisons. Le journal du club, Marine et Blanc, est devenu le Scapulaire. Bien obligé, le maillot est devenu… rouge Bordeaux. Nouveau départ, nouvelles couleurs. Une première historique. Et un tollé général !
Exit aussi les Bell, Deschamps, Durand, Vervoort, Ferreri and co. Huit départs, neuf arrivées, Bordeaux a reconstruit une équipe commando. Relever le challenge n’a pas fait peur à Gaëtan Huard, Jean-Marc Ferratge ou au canonnier allemand Rainer Ernst. Beaucoup sont restés, dont toute la défense. Avec Sénac, Dogon, Bade, épaulés par les espoirs que sont Dugarry et Lizarazu, les Girondins font figure d’épouvantail.
STRASBOURG, MEILLEUR ENNEMI
Mais ils ne sont pas les seuls. Le mano a mano avec l’autre grosse écurie de ce groupe B, Strasbourg, est homérique. Une fois décantées les premières journées, les Alsaciens prennent la tête. Bordeaux s’accroche et passe devant (18ème J.). Premier tournant du championnat. Strasbourg reste cependant à portée de fusil. De sorte que la défaite et les quatre nuls enchaînés en mars-avril relancent tout.
Les Girondins, qui ont compté jusqu’à cinq points d’avance, n’en ont plus qu’un à deux journées de la fin ! Le destin veut que ce soit Saint-Seurin/l’Isle qui se déplace en voisin. Relégable, il n’a pas de cadeau à faire. 27 000 spectateurs sont venus. Un triplé de Rainer Ernst, que des penalties, offre la victoire. Dans le même temps, Strasbourg a craqué à Istres (4-2). Les Girondins, qui pouvaient tout perdre, sont assurés de retrouver la première division. Pour le fun, ils vont s’imposer à Perpignan (2-3), clôturant leur cavalcade avec 50 points et 22 victoires, 8 nuls et 4 défaites à leur tableau de chasse.